17 févr. 2015

Article Univers_ Multivers


La question des univers multiples (multivers) est un thème très ancien, puisqu'on la trouve dans la littérature dès l’antiquité. Depuis quelques années, les multivers rejoignent la physique théorique et certains chercheurs sont même convaincus de leur existence.



Définition
Le terme de multivers désigne l'ensemble de tous les univers possibles, parmi lesquels figure notre univers observable. Ce concept est fortement débattu par les physiciens théoriciens car il pourrait expliquer un certain nombre d’énigmes rencontrées à l'échelle quantique. La relativité générale d’Einstein avait déjà prévu que deux des trois géométries possibles puissent conduire à un espace infini, ce qui serait déjà un premier niveau de multivers.


Approche scientifique
Si son existence ne prête pas à la critique en tant qu'abstraction, des physiciens quantiques comme David Deutsch le créditent d'une existence réelle et affirment que cette notion explique de façon simple et intuitive, bien qu'audacieuse, des phénomènes autrement mal interprétables. S'il faut distinguer la contra-factualité en physique de la contra-factualité logique, des métaphysiciens tels que David Lewis soutiennent aussi l'existence réelle des mondes possibles.

Il existe plusieurs théories de multivers. Les plus citées sont celles :
  • d'Hugh Everett, où l'univers (ainsi que l'observateur lui-même) fourche à chaque observation d'état quantique sans que les lois fondamentales en soient changées. Cette interprétation offre une solution au problème de la mesure (illustré par le paradoxe du chat de Schrödinger). Cependant, le nom d'univers multiples associé parfois à cette théorie est trompeur : dans l'interprétation d'Everett, il n'y a jamais qu'un seul univers, qui se scinde en plusieurs portions ne pouvant guère interagir beaucoup les unes avec les autres (sauf cas particulier comme les fentes d'Young) en raison du phénomène de décohérence quantique. Les conséquences macroscopiques de l'existence de ces différentes portions sont encore aujourd'hui impossibles à mesurer. Quant aux termes "univers parallèles", ils sont ici impropres, tous ces univers ayant par construction un point commun dans le temps.
  • d'Andreï Linde, où les univers se définiraient dans un espace des possibles et dont chacun posséderait ses lois et/ou ses constantes « universelles » propres. On parle alors de « mousse d'univers ». 
  • issue de la théorie des cordes. Dans cette théorie, il est possible qu'une infinité d'univers à 4 dimensions coexistent sur des branes différentes, de la même façon que des pages d'un livre coexistent sans intersection. Les forces fondamentales ne s'exerçant qu'au sein d'une même brane (à l'exception peut-être de la gravitation), il serait ainsi possible, théoriquement, de détecter les autres univers par cette interaction.

Dans les œuvres de fiction
Littérature 
La science-fiction a commencé à exploiter le concept d'univers parallèle bien avant la théorie d'Everett, qui n'a été publiée qu'en 1957. Ci-dessous, quelques exemples …

Dès 1949, Fredric Brown publie « L'Univers en folie » : dans ce classique de la science-fiction d'humour, le héros est par accident envoyé dans un autre monde… complètement fou mais pas désagréable, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui des pulps.

Dans un registre moins loufoque, Philip K. Dick remporte en 1963 le Prix Hugo du meilleur roman pour « Le Maître du Haut Château » : il y décrit un monde possible, une uchronie, où l'Allemagne, l'Italie et le Japon auraient remporté la Deuxième Guerre mondiale.

« Le Cycle des Princes d'Ambre » est une saga d'heroic fantasy où l'écrivain Roger Zelazny imagine que tous les univers possibles existent quelque part et sont tous des reflets (les ombres) de la cité idéale d'Ambre. Pour passer d'un univers à l'autre, les marcheurs d'ombres doivent manipuler les éléments du décor (la couleur du ciel, les bruits…) jusqu'à arriver dans l'univers désiré. Non seulement l'histoire mais les lois physiques varient donc ici d'un univers à l'autre (modèle de la mousse d'univers).

La bande dessinée « Métal » d'Éric Liberge. Dans la franchise Marvel Comics il n'est pas rare de voir des personnages d'univers différents se rendre visite, voire remonter le temps afin de le modifier, et ainsi créer sciemment des réalités divergentes. La Deadpool Corps de ce multivers (appelé « Marvelverse ») est d'ailleurs composée exclusivement par différentes versions d'un même héros.

Des séries manga telles que « Higurashi no naku koro ni » où un groupe d'adolescents doit lutter contre la malédiction dans laquelle leur petit village est plongé en remontant le temps et ainsi tenter d'empêcher les évènements de la destinée d'avoir lieu. Ils sont confrontés à chaque fois à une nouvelle version du sort, où chaque individu réagit différemment suivant les circonstances du monde où ils se trouvent.

Cinéma et télévision 
Depuis les années 1990, les univers parallèles sont couramment employés par ces modes de représentation. Ci-dessous, quelques exemples …

Le film « The One », ou de la série télévisée « Charlie Jade », dans laquelle le héros essaye de sauver notre univers (le betaverse), pris en sandwich entre deux autres (l'alphaverse et le gammaverse).

De même, dans des séries qui ne sont pas centrées sur cette notion, on peut rencontrer un ou plusieurs épisodes où les héros explorent (généralement par accident ou contre leur volonté) un univers parallèle : c'est par exemple le cas dans Buffy contre les vampires, Smallville, Doctor Who ou Stargate SG-14.

La notion de multivers n'est plus de nos jours une bizarrerie réservée au fandom SF mais est utilisée dans des œuvres pour le grand public, et était déjà au centre de séries télévisées comme Sliders (1996) ou Fringe, ainsi que dans la saison 6 de Lost.