21 févr. 2015

Article Nucléaire_Principaux accidents nucléaires majeurs (niveau 4 à 7)


Principaux accidents nucléaires majeurs (niveau 4 à 7) connus à ce jour. Liste non exhaustive
Un accident nucléaire, ou accident radiologique, est un événement qui entraîne une émission de matières radioactives ou un niveau de radioactivité susceptible de porter atteinte à la santé publique, ou encore qui endommage gravement le cœur d'un réacteur, ou provoque la mort par exposition d'un travailleur.

Les « accidents nucléaires » peuvent survenir dans un site de l'industrie électronucléaire (une usine d'enrichissement de l'uranium, une centrale nucléaire, une usine de traitement du combustible usé, un centre de stockage de déchets radioactifs) ou dans un autre établissement exerçant une activité nucléaire (site militaire, hôpital, laboratoire de recherche, etc.), ou encore dans un sous-marin, porte-avions ou brise-glace à propulsion nucléaire. Les accidents peuvent aussi se produire lors des transports de matières radioactives (notamment à usage médical, mais également combustible nucléaire, déchets radioactifs ou armes nucléaires).


L'Agence internationale de l'énergie atomique a mis en place l'échelle INES pour qualifier la gravité d'un événement lié au nucléaire. 
Elle est utilisée au niveau international depuis 1991. Graduée selon 8 niveaux (de 0 à 7), elle se base sur des critères objectifs et subjectifs pour caractériser un événement. 

Elle ne s'applique qu'aux événements civils (elle ne s'applique pas aux accidents et incidents nucléaires militaires, ni aux faits de guerre ou de terrorisme). 

Dans certains cas, ces accidents ont causé des maladies et/ou des décès par contamination radioactive. D'autres cas ont causé des rejets accidentels de matériaux radioactifs, sans que des effets sanitaires n'aient pu y être formellement reliés. D'autres encore n'ont pas causé de contamination, et sont mentionnés ici à cause des tensions qu'ils ont suscitées (collisions entre des sous-marins nucléaires, par exemple). Certains états ne communiquent pas sur les accidents nucléaires. 

Certains accidents sont couverts par le Secret Défense ; leurs circonstances et leur gravité (pas de classement selon l'échelle INES) ne sont pas connues avec précision. 


Nature des accidents 
Cette liste d'accidents nucléaires recense les accidents connus impliquant du matériel nucléaire.

Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité  
Accidents liés à l'industrie civile du combustible et des déchets 
Accidents dans le domaine de la recherche 
Accidents liés à l'utilisation de sources radioactives en médecine et dans l'industrie 
Accidents dans le domaine militaire : accident sur des unités de production de plutonium, accident lors d'essais nucléaires, accident sur des armes en service, accident sur des réacteurs de propulsion navale et Pollutions nucléaires.


Principaux Accidents majeurs connus  -  Niveau 7
Catastrophe de Tchernobyl : Ukraine (URSS à l'époque), 1986. 
Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité
L'accident est survenu dans la centrale nucléaire Lénine située sur les rives du Dniepr à environ 15 km de Tchernobyl et 110 km de Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. À la suite d'une série d'erreurs humaines et en raison de défauts de conception, la réaction nucléaire au cœur du réacteur n°4 s'emballe, conduisant à l'explosion non-nucléaire du réacteur et à la libération de grandes quantités de radio-isotopes dans l'atmosphère. Les autorités évacuent environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ), les « liquidateurs » sont venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Russie et d’autres républiques soviétiques pour procéder à des nettoyages. 

Accidents nucléaires de Fukushima à Okuma : Japon, le 11 mars 2011. 
Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité 
Une explosion dans le bâtiment abritant le réacteur no 1 de la centrale de Fukushima Dai-ichi détruit le toit et la structure supérieure de ce bâtiment, blesse au moins quatre employés, alors qu'une hausse de la radioactivité est déjà mesurée aux alentours du site, vraisemblablement à la suite des vapeurs et gaz relâchés par mesure de sécurité pour refroidir le réacteur. L'explication de l'explosion pourrait être la suivante : à la suite d'un début de fusion du cœur, le niveau de température très élevé amène à la formation d'hydrogène (par réaction chimique d'oxydation des gaines du combustible en Zircaloy avec l'eau) ; c'est cet hydrogène, présent dans les gaz relâchés hors du réacteur, qui aurait provoqué l'explosion. De la même façon, le lendemain, la structure du réacteur no 3 a explosé et le réacteur no 2 a perdu tout son liquide de refroidissement, laissant présager la fusion du cœur du réacteur no 215,16. Classé dans un premier temps au niveau 4, cet accident majeur a été relevé au niveau maximum de l'échelle internationale le 12 avril 2011. 

Principaux Accidents graves connus  -  Niveau 6   
Catastrophe de Kychtym : Union soviétique, 1957. 
Accidents dans le domaine militaire / Accident sur des unités de production de plutonium
L'accident est survenu dans le complexe nucléaire Mayak à Kychtym non loin de la ville de Tcheliabinsk en URSS, il a entraîné des rejets radioactifs très importants en dehors du site, au moins 200 personnes périrent, les mesures d'urgence ont comporté une évacuation d'environ 10 000 personnes et une zone interdite de 250 km2. L'accident est tenu secret par le régime soviétique, les premières informations ne seront révélées qu'en 1976 par le biologiste soviétique Jaurès Medvedev immigré en Angleterre. 

Principaux Accidents sérieux connus  -  Niveau 5  
Rivière Chalk, Ontario : Canada, 1952. 
Accidents dans le domaine de la recherche 
Dans les laboratoires nucléaires de Chalk River, une perte subite de l'eau de refroidissement au cœur d'un réacteur expérimental NRX provoqua une grande impulsion de puissance. Des explosions en série s'ensuivirent, elles propulsèrent le toit de l'enceinte de confinement des gaz qui demeura enfoncé dans la superstructure. Des fuites de gaz et de vapeurs radioactives dans l'atmosphère se produisirent, elles furent accompagnées par le déversement de 4 000 mètres cubes d'eau dans des tranchées peu profondes non loin de la rivière des Outaouais. Le cœur du réacteur étant totalement anéanti, il fallut l'enterrer en tant que déchet radioactif. 

Windscale : Grande-Bretagne, 1957. 
Accidents dans le domaine militaire / Accident sur des unités de production de plutonium 
L'accident est survenu à l'usine de traitement de Windscale, un incendie dura plusieurs jours, pendant lesquels 7,4×1014 Bq d'iode radioactif (iode 131) ont été rejetés à l'extérieur. Le nuage radioactif a ensuite parcouru l'Angleterre, porté par les vents, puis touché le continent européen sans que la population française ne soit avertie. La consommation de lait a été interdite pendant deux mois sur une zone de 500 km2. Après cet accident, Windscale est débaptisé et devient Sellafield.

Accident nucléaire de Three Mile Island : États-Unis, 1979. 
Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité 
L'accident est survenu à la centrale nucléaire de l'île de Three Mile Island sur la rivière Susquehanna, près de Harrisburg, en Pennsylvanie. À la suite d'une panne des pompes d'alimentation en eau du circuit secondaire de l'un des réacteurs, un enchaînement de défaillances mécaniques, d’erreurs humaines, d'absence de procédure et de défauts de conception (non-prise en compte du risque de perte totale du refroidissement secondaire, défaut des soupapes de sureté du circuit primaire et absence de mesure de niveau d'eau dans la cuve du réacteur), entraîne la fusion du cœur. Malgré la gravité extrême de l’accident, l’enceinte de confinement étant restée intègre, le relâchement de produits radioactifs dans l’environnement est resté faible.

Accident nucléaire de Goiânia, État de Goiás : Brésil, 1987. 
Accidents liés à l'utilisation de sources radioactives en médecine et dans l'industrie 
Un appareil de radiothérapie, abandonné dans un ancien hôpital, est récupéré par des ferrailleurs pour la revente du métal au poids. Le césium 137, produit actif de l'appareil, est dispersé. Les gens jouent avec, attirés par la lumière bleue qu'il émet. Au moins quatre personnes décédées dans les 75 jours après la découverte, 249 personnes présentent des contaminations importantes, 49 hospitalisations, dont 21 en soins intensifs, et 600 personnes sont encore sous surveillance médicale en 2003. Il a fallu gérer 3 500 m3 de déchets radioactifs. Cet accident a été classé au niveau 5 sur l'échelle INES. Une étude épidémiologique réalisée en 2006 a étudié les conséquences de cet accident sur la survenue de cancer au sein de la population en contact avec le matériel radioactif. Aucune augmentation statistiquement significative du taux de cancer n'a été relevée. De façon étonnante la proportion de cancer y était inférieure à celle de la population contrôlée.

Principaux Accidents connus  -  Niveau 4   
Centrale nucléaire de Lucens : Lucens (Vaud, Suisse), le 21 janvier 1969. 
Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité
La centrale nucléaire de Lucens était une installation nucléaire expérimentale. Lors d'un démarrage, un problème de refroidissement entraîna une fusion partielle du cœur et une contamination radioactive massive de la caverne. En 1979 un rapport conclut que la cause de l'accident fut la corrosion des équipements due à l'humidité régnant dans la caverne.

Centrale nucléaire de Bohunice, Jaslovské Bohunice : Tchécoslovaquie, 1977.   

Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) : France, le 13 mars 1980. 
Accidents dans des centrales nucléaires de production d'électricité
Dans la centrale nucléaire de Saint-Laurent, un accident conduit à la fusion de deux éléments combustibles du réacteur A2 filière UNGG (uranium naturel, graphite-gaz) d'une puissance de 515 MW. La plaque métallique de maintien des capteurs de pression du réacteur vient, à la suite de phénomènes de corrosion, obstruer une douzaine de canaux du bloc de graphite, ce qui empêche le bon refroidissement du cœur et provoque la fusion de deux éléments combustibles. Gravement endommagé, le réacteur est indisponible pendant deux ans et demi environ. C'est l'accident nucléaire le plus grave jamais répertorié pour un réacteur en France.

Village de Tōkai (Tōkai-mura), à 160 km de Tokyo au Japon, le 30 septembre 1999. 
Accidents liés à l'industrie civile du combustible et des déchets
L'introduction dans une cuve de décantation, à la suite d'une erreur de manipulation, d'une quantité anormalement élevée d'uranium (16,6 kg) dépassant très largement la valeur de sécurité (2,3 kg), est à l'origine de la réaction de criticité. Cet accident de criticité a exposé 160 riverains à des radiations importantes et tué au moins deux des ouvriers de la centrale ; à 21 h, soit onze heures après le début de l'accident, les autorités décrètent le confinement des populations dans un rayon de dix kilomètres. L'enquête sur l'accident de Tokaimura a montré que les ouvriers de l'usine, gérée par l'entreprise JCO, violaient de façon régulière les procédures de sécurité, par exemple en mélangeant l'uranium dans des bassines pour aller plus vite.

Fleurus : Belgique, 11 mars 2006.
Accidents liés à l'utilisation de sources radioactives en médecine et dans l'industrie 
Un opérateur de la société Sterigenics (Institut national des radioéléments) de Fleurus spécialisée dans la stérilisation d'équipements médicaux pénètre durant 20 secondes dans une cellule d'irradiation contenant une source scellée de cobalt 60 où aucune opération n'étant en cours, les sources radioactives auraient dû être plongées dans une piscine sous cinq à six mètres d'eau en attendant la production. Trois semaines plus tard il éprouva quelques symptômes typiques d'une irradiation (vomissement, perte de cheveux). On estime qu'il reçut une dose élevée comprise entre 4,4 et 4,8 Gy à la suite d'une défaillance du système de contrôle-commande hydraulique assurant le maintien de la source radioactive dans la piscine (l'épaisseur d'eau servant de bouclier biologique). L'opérateur passera près d'un mois à l'hôpital avant de pouvoir rentrer chez lui. Après la mise sous scellé de la cellule concernée pendant près d'un mois, l'organisme gouvernemental de contrôle AFCN en collaboration avec les auditeurs privés d'AVN et le contrôle du bien-être au travail ont imposé à Sterigenics un programme d'actions incluant la mise en place de systèmes de sécurité hydrauliques, électriques et mécaniques redondants.