23 févr. 2015

Article Espace_ Un traité sur la démilitarisation de l'espace semble un objectif encore lointain


Juridiquement, l’usage de l’espace est exclusivement pacifique et, pourtant …
Le 27 janvier 1967 fut signé, sous l’égide de l’ONU, le traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace  extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes. Ce texte est un pur produit de la diplomatie de la guerre froide. 



Reprenant les termes de la résolution 1184 des Nations Unies du 17 octobre 1963, son article 4 engage les États  « à ne mettre sur orbite autour de la Terre aucun objet porteur d’armes nucléaires ou de tout autre type d’armes de destruction massive, à ne pas installer de telles armes sur des corps célestes et à ne pas placer de telles armes, de toute autre manière, dans l’espace extra-atmosphérique. ».

L’illusion de la non-militarisation de l’espace est définitivement morte le 11 janvier 2007. Ce jour-là, la Chine a testé avec succès une arme antisatellite, missile de portée intermédiaire, qui a détruit en le percutant un satellite météorologique en orbite basse.



En février 2008, la Russie et la Chine y ont soumis un projet de traité ayant non seulement pour objectif d’interdire le déploiement de tout type d’arme dans l’espace, mais aussi le recours à la force, et la menace de recourir à la force, contre des objets spatiaux.
La diplomatie US a rejeté ces propositions estimant qu’il serait "impossible" de s’assurer de son respect. Par contre,  en réponse officiellement à des menaces potentielles de militarisation de l'espace, ainsi qu'à des menaces de missiles balistiques, les États-Unis ont relancé depuis 2004, un programme de bouclier de défense antimissile balistique, autrefois appelé sous l'ère Reagan, projet de "guerre des étoiles". Les programmes de défense anti-missile provoquent une relance de la course technologique en matière d'armement. De plus, il ne faut pas oublier que la notion de "défense" ou de "bouclier" peut avoir un effet pervers de relance de la course aux armements du côté de "l'épée", c'est-à-dire des missiles pour pouvoir "submerger" ou "saturer" le bouclier...


Un traité sur la démilitarisation de l'espace semble un objectif encore lointain
La France a adopté un "profil bas" : elle estime selon son Représentant à Genève que la recherche d’un traité risque "d’être un processus de longue haleine, qui s’inscrit nécessairement dans le long terme". Selon ce diplomate, "la dégradation rapide de l’environnement spatial appelle des réponses urgentes et pragmatiques, reposant sur des mesures immédiatement applicables". La France soutient "la promotion de pratiques responsables et l’élaboration de mesures volontaires de confiance et de transparence". Elle apporte ainsi son "plein soutien au projet de Code de Conduite International sur les Activités Extra-Atmosphériques".


La méthode des "petits pas" donnera-t-elle des résultats concrets ?
Il est clair que compteront les signes donnés à la Russie par les États-Unis et les membres de l'OTAN sur la question du bouclier antimissile.

Missiles : La prolifération des missiles balistiques, vecteurs potentiels d’armes de destruction massive, a toujours représenté une menace déstabilisante pour la paix et la sécurité, tant à l’échelle régionale qu’internationale. Or, depuis le début des années 90, la portée et la modernisation des missiles balistiques de certains États (en plus des États dotés d’armes nucléaires) a connu une croissance rapide et préoccupante. En outre, de nouveaux vecteurs se développent, notamment les drones et les missiles de croisière, qui peuvent être employés comme vecteurs d’armes de destruction massive. Pour ces raisons, la lutte contre la prolifération des missiles balistiques occupe une place importante de l'actualité du désarmement.

Des accords de limitation et de destruction des missiles nucléaires furent déjà signés du temps de la guerre froide (plafond du nombre de missiles russes et américains avec les accords SALT I et II dans les années 70, Traité de destruction des missiles balistiques à portée intermédiaire et à plus courte portée, "Euromissiles", en 1987, Traités de réductions des missiles stratégiques dits START I et II, en 1991 et 1993). En 2002, a été adopté le "Code de conduite de La Haye" de lutte contre la prolifération des missiles balistiques (HCOC) et qui comprend aujourd’hui plus de 130 États signataires.


Reste que la technologie de fabrication de missiles capables de franchir plus de 1 000 kms s'est beaucoup répandue, avec des possibilités de charges diverses ("bombes sales").
Les mesures de limitation prises jusqu'à présent ont été parfois perçues par des pays émergents comme la décision des grandes puissances de garder pour elles seules la maîtrise d'armes puissantes. L'enjeu est donc de créer les conditions de confiance et de transparence pour que les décisions adoptées comme le code de conduite de la Haye prennent une portée universelle. Sinon, la menace balistique restera un problème non encore complètement résolu dans plusieurs parties du monde.